Work in progress
Thé ou café ?
Soyons clairs : L’inspiration n’est pas innée, et n’est pas toujours au rendez-vous. Tout comme il existe un phénomène de la feuille blanche en écriture, le même phénomène frappe la photo : le tirage blanc – ou la carte mémoire vierge. Dans ce nouvel espace que j’ai appelé « Work in progress », je vais tenter de vous expliquer, comment j’arrive parfois à surmonter ce blanc et comment je prépare la construction d’une photo, en espérant ainsi, donner des idées pour sortir de la panne d’inspiration.
A vrai dire, tout les moments et tous les lieux sont propices à la photographie. Ce qui distingue le un photographe génial d’un photographe du dimanche, c’est de pouvoir voir ou interpréter ce que le quidam ignore ou survole. Mais voilà. Nous ne sommes pas tous des génies, et il faut bien commencer quelque part. Voici une approche. C’est n’est pas seule, elle n’est pas universelle, elle n’est pas infaillible, mais elle a le mérite de commencer quelque part. Et peut-être, qu’elle vous aidera et vous inspirera aussi.
Step 1 : KIS – Keep It Simple
Ah si seulement la formule magique de l’inspiration existait. A mon avis, l’inspiration, c’est comme l’amour, impossible à expliquer. Mais il y a tout de même une piste que j’aime utiliser : Le KIS – Restez Simple !
En fait, je me suis rendu compte, à force de revenir sur mes photos et de décortiquer celles des autres, que pour la plupart, une bonne photo est rarement complexe, tant au niveau de la composition et de ces éléments, un ou deux au plus, qu’au niveau technique. Application !
Step 2- Idée
J’ai donc décidé de faire du KIS au moment préféré de ma journée : Le petit-dejeuner.
Croyez-moi, il n’y a pas grand chose à tirer de moi le matin, mon cerveau étant presque binaire à ce moment là : dormir-se réveiller, 1 ou 0, thé ou café. Comme il est impossible de photographier en dormant, j’ai opté pour le concept « café-thé« . Il se trouve qu’actuellement, j’essaye de baisser ma consommation de café, et je consomme donc de plus en plus de thé. Il ne me restait plus qu’à jeter du thé sur la table. Mais du thé vert sur fond de table presque noire, ce n’est vraiment pas terrible. En fait, la photo n’a même pas survécu à l’importation vers Lightroom. J’ai donc décidé d’y ajouter de la couleur.
Voici une photo de feuilles de thé séchées sur fond coloré :
Cette photo a été prise à l’objectif macro (les focales normales n’ayant rien donné). Le thé étant vert, ma logique m’a tout bonnement conseillé d’opérer un contraste avec du rouge ou du bleu pour tenter de restituer de la profondeur. Essayez donc le matin de trouver un fond bleu ou rouge ! La seule chose que j’ai trouvé à me mettre sous la main, était un bloc-notes Rhodia, orange.
Restait la question de la lumière (et pour cause, une cuisine lors d’un matin morose ne dégage pas vraiment la meilleure lumière). Il fallait donc évidemment sortir le flash cobra. Je me suis alors amusé à trouver la meilleure direction pour le flash et j’ai plus ou moins tourné tout autour des feuilles. Mais voilà, rien n’y faisait. Cette photo restait insipide. Je cherchait de la profondeur, et me voilà avec une photo tout ce qu’il y a de plus plat. Émotion Zéro, alors que le sens de la photo est de véhiculer de l’émotion. Next…
Step 3 – Casser les idées reçues
Ce qui marche généralement bien, c’est d’exprimer tout le contraire de ce véhicule généralement une idée ou un objet. Et là, il faut savoir lâcher son esprit, et tout s’autoriser dans votre tête :
Thé ou café, Marc de café, … Marre du café !
Finalement, j’ai donc pensé à écrire « Tea » en café (Je vous laisse méditer sur le message philosophique ^^)
L’idée tombait bien, vu que je bataillais depuis plusieurs jours avec l’idée de réduire la consommation café, tout en étant constamment obsédé par ce jus brunâtre et amer et de son corolaire…la clope (Que j’ai également réduit).
Histoire de renforcer le message, j’ai cherché des feuilles de thé que j’ai disposé autour, et rajouté une décoction de thé vert, du « Puits du Dragon » de chez l’Esprit du Thé pour ceux qui pourraient être intéressé.
Étant donné qu’il s’agissait encore d’une de ces journées pourries sans soleil, j’ai tout de même réussi à penser à prendre une feuille de gélatine ambre 104 pour donner de la chaleur à l’image. Et là encore, j’ai tourné tout autour du pot, en l’occurence, de la tasse, pour chercher le meilleur résultat, mais j’avoue que les ombres des grains de café me dérangeaient et que toute la composition était un peu « violente », du moins trop violente pour un matin. A ce moment là, j’étais toujours dans le gaz. Cela se voit sur la mise au point approximative de la photo. Ou avais-je égaré mes lunettes ? :-)
Allez, on souffle et on recommence…
Step 4 – Finalisation
A force de tâtonner, avec le flash, l’exposition, voici le résultat que j’ai retenu :
- Les feuilles de thé enveloppent le regard en le guidant du bas vers le haut de l’image
- Le flash est placé au-dessus de la compo, légèrement à droite afin de créer une image douce avec peu d’ombre (je ne voulais pas que l’ombre du bol dépasse les feuilles de thé)
- La géla ambre a encore coloré davantage le bol, donnant l’impression d’un soleil levant sur la table de petit déjeuner, ce qui donne l’illusion du « matin »
- Profondeur de champ ? Inutile de se casser la tête, c’est une composition à plat. Le mieux est d’ouvrir un max pour gagner en lumière.
Commentaires
Et non, ce n’est pas du thé au centre de la table, mais du café. (En fait, c’était plus simple d’écrire « Tea » avec du grains de café, que « Coffee » avec des feuilles de thé, même si les grains de café commençaient à m’énerver à toujours tourner à la moindre vibration).
Tout partait au départ d’une idée simple au petit-dej: thé ou café. Rien de plus, et l’idée de prendre la représentation que l’on se fait du café à revers, en écrivant « Tea » avec des grains de café me plaisait plutôt bien.
Côté matériel, rien de bien exotique :
- Un trépied : Indispensable à terme pour tout bon photographe.
- Un flash cobra : Franchement, le flash intégré ne sert vraiment pas à grand chose surtout lors de composition.
- Un câble synchro (ou des triggers flash à moins de 30 euros) afin de déporter le flash à souhait.
- Une feuille de gélatine ambre 104 (disponible à moins de 10 euros sur le net)
- Et enfin, un boitier et un objectif 35mm (le 50mm fera aussi l’affaire si vous le placez plus loin)
Enfin, l’idée de cette composition a bel et bien germé dans ma tête le matin au petit-dejeuner, mais la réalisation a été effectuée le soir, par temps de pluie. Imaginez donc : Sortir un trépied, un flash, des triggers flashs, de la géla ambre, tout ça dans le gaz ? Il valait mieux pour le salut de mon matériel, de me réveiller d’abord et de boire un bon thé… ou café ? :-)