Photographie de concert
Conseils et Astuces lors des photos en concert
L’événement de la Fête de La Musique, mardi dernier, était une bonne occasion pour se confronter à la photographie de concert. Voici, à mon avis, les recommandations que je peux formuler après plus de 2ans de pratique.
I. Côté Préparation/Matériel
Il y a bien longtemps que je ne fais plus l’apanage de telle ou telle marque. Mais pour une fois, les boitiers DX (au format APS-C) sont largement favorisés. A moins d’être privilégié et de pouvoir se placer juste devant, voire, sur la scène, vous vous trouverez dans la foule. Il vous faudra donc une focale longue (100mm et +). Les APS-C avec leur coefficient multiplicateur de 1,5 fois sont d’autant plus avantagés. Personnellement, je n’ai pas de zoom, et j’ai donc bataillé pour me retrouver le plus près possible de la scène, en utilisant un objectif fixe 105mm. Dans le cas où vous vous trouvez dans la fosse, proche de la scène, un 35mm ou un 50mm bien lumineux prendra de beaux panoramas du concert.
Veillez à faire vos réglages et monter votre objectif principal AVANT le concert, au calme avec de la lumière. Une fois dans la foule, il peut s’avérer difficile de manipuler tout le matériel. Mon boitier me permet d’éclairer la fenètre des réglages. Si le votre ne vous le permet pas, prévoyez une petite lampe torche !
J’éviterais aussi les sac-à-dos encombrants et recommande les sacs portés épaule qui s’avèrent très pratique.
Evidemment, vos cartes mémoires doivent êtres vides, et votre batterie dûment rechargée (si vous avez un appareil sans mirroir, type Sony, à visée par un écran LCD, très gourmand en énergie, une deuxième batterie est indispensable !)
La question du flash : En pratique, un flash vous fait gagner 1 IL. Toutefois, manipuler un appareil photo relève de l’adresse dans une foule, mais avec un flash, cela devient de l’exploit. Par ailleurs, un flash cobra à même l’appareil, ne présente que peu d’intérêt. Si en plus le groupe se touve devant des vitres, glaces ou autres accessoires de lumière, vive les reflets et autres artefacts, comme ici par exemple :
II. Côté réglages
En raison du manque de lumière, il va falloir ouvrir au maximum le diaphragme, (f/3,5 et en-dessous si possible), et poussez les ISO. C’est là qu’on se rend compte, qu’il faut bien connaître son appareil, et savoir jusqu’à combien de ISO on peut le pousser sans trop dégrader l’image. Dans mon cas, je peux aller jusqu’à 1600 ISO sans craindre les détériorations liées au bruit.
Pour la mesure de l’exposition, vous pouvez laissez faire votre boitier en Mode A sur Nikon (ou Av chez Canon), prendre quelques clichés test, et essayer de cerner les réglages types d’après les épreuves sur l’écran LCD, puis les reprendre en mode manuel sur votre boitier. Il faut savoir qu’en concert, les conditions lumineuses peuvent très rapidement changer en fonction du jeu de lumières des spots.
Dans le cas du concert de Derya et Thomas Dutronc à Strasbourg lors de la fête de la musique, Place Kléber, 800ISO f/2.8 et 1/500s était un bon réglage. Dans le doute, sachez qu’il vaut mieux des photos sur-exposées que sous-exposées, car en post-production, les sur-expositions se corrigent mieux que les deuxièmes. Comme disait Bob Holmes : « Leave the blacks to themselves »
Enfin, côté mise au point, j’utilise toujours la mise au point sur un bouton séparé de l’obturateur…SAUF EN CONCERT. Et oui, vu qu’il m’arrive aussi de pointer mon appareil les bras tendus en l’air, impossible de régler ma mise au point dans le viseur. Donc, j’active la mise au point totalement automatique sur l’obturateur.
III. Côté composition
L’idéal en photographie, c’est de prendre des photographies de concert différemment de ce que l’on voit d’habitude. L’idéal est d’avoir accès à des points de vue inaccessible aux autres, donc devant, derrière, autour, voire sur la scène. Pas facile d’y être et surtout, d’y être autorisé. Dans le cas contraire, vous serez au milieu des spectateurs, dans la foule. Essayez alors de composer avec ce qui est disponible. C’est ce que j’ai fait avec le spot étoile, qui placé derrière le guitariste Stéphane Bonacci de Derya, est du meilleur effet. Un deuxième petit conseil, ne faites pas comme tout le monde a cadrer les artistes plein centre. Tentez une autre approche différente.
IV. Post-Production
Si vous étiez au centre du concert dans la foule, les outils « Crop » / « Rogner » et « Recadrer » seront probablement ceux que vous utiliserez le plus souvent. L’outil suivant, presque incontournable, c’est la correction de l’exposition, pour s’adapter aux aléas des tours que les spots peuvent vous jouer lors d’un concert.
Je me permets d’ajouter quelques points :
En premier, tu ne n’évoques pas le respect envers les gens sur scène et le public, car, oui, pour la personne qui a payé sa place, entendre le déclenchement intempestif en rafale, c’est loin d’être du bonheur à l’oreille, sans parler des déplacements / bousculades et autres gènes occasionnées autour de toi.
Pour l’artiste aussi, car si certain n’aime pas être pris en photo ou de se prendre un flash en pleine tête, il y en a qui ne supporte pas d’avoir leur morceau acoustique et intimiste interrompu par un déclencheur en rafale…
Autre point, l’obtention d’un pass photo à un concert n’est pas si compliqué, surtout quand on est régulièrement présent dans les salles de concerts et que la salle est de taille moyenne ou petite.
La lampe torche en concert pour changer ses réglages, oublie ça ! Entre la foule et le dérangement occasionné, loin d’être fiable. Autant connaître ses réglages. D’autant plus qu’ils sont pas mal tous affiché dans le viseur de nos jours – en argentique, c’était une autre paire de manche ! Dans le même ordre d’idée, désactiver l’écran arrière pour plus de discrétion et garder de la batterie.
Le flash en concert ! Interdit par la plupart des organisateurs (ceux qui fournissent les pass photo…) à raison car ça gène les artistes et le public. En plus, pour avoir fait des tests, les photos n’y gagnent pas forcément en intérêt.
Pour les réglages, 800ISO f/2.8 et 1/500s, c’est une luminosité exceptionnelle qui n’est pas représentative du genre. En concert, j’ai plutôt du 1600ISO f/2.0 1/50s, surtout dans les petites salles. Et au 100 mm, tu as tout intérêt à être bien stable !
Pour la sous exposition, non. La lumière principale est concentrée sur le visage du chanteur, et c’est donc là que la surexposition se fera ressentir. Autant dire que tu peux jeter ses photos, aucun traitement ne rattrapera ça.
Autres conseils, les têtes de la foules devant, je trouve ça sans intérêt : ça montre juste que le photographe n’était pas bien placé (pour de bonnes ou de mauvaises raisons).
Les cadrages avec des musiciens tronqués : Non ! C’est un mauvais cadrage pas assez travaillé. Soit il fallait cadrer plus large ou recadré après plus serré. C’est quoi l’élément que je veux mettre en valeur dans l’image ?
Pareil avec les instruments, une batterie ou un manche de guitare coupé, ça donne juste un cadrage raté. Ok, ce n’est pas évident de tout avoir et il y a des exceptions où cela peut marcher mais il y a intérêt à avoir sérieusement réfléchi son cadre.
Dans le même genre de piège, les chanteurs et leurs micros : avoir une bouche collée sur le micro, c’est loin d’être esthétique et intéressant : se placer sur le côté, attendre qu’il / elle s’éloigne du micro (souvent en à la fin du couplet).
Dernier point, qui m’est plus personnelle, je le concède, cadré en dessous des genoux… Ok, je sais que c’est pour sortir les retours de scène du cadre, mais ça fait bizarre et factice : autant coupé plus haut pour assumer pleinement son choix ou se placer ailleurs pour avoir la personne en entier.
Je suis tout à fait d’accord avec tes remarques dans l’ensemble. Mais comme souvent, surtout dans ce genre d’événements, au final, c’est le meilleur compromis que l’on cherche.
Merci pour ton avis critique très instructif.